Grenoble, le 27 juin 2014
Destinataire : Presse
Inauguration du tram E
Cette inauguration amène deux questions.
Le dernier tram ?
Grenoble a été précurseur, mais ce n’est pas nécessairement bon. En termes de tracé et de matériel. Les premières lignes visaient à desservir le centre ville et notamment à remplacer le terrible « tronc commun » de l’avenue Alsace-Lorraine, où s’engouffraient et s’agglutinaient les bus. Elles répondaient à des besoins immédiats, alors que la seule connaissance de l’alphabet, qui donne à notre agglomération la forme d’un « Y », aurait dû amener ce que fait le tram E, desservir la hampe du Y et sa branche nord-ouest.
Le matériel fut celui du moment : un tram lourd, supposant de formidables travaux; des rames longues, peu adaptées au tracé tortueux des rues du centre, au contraire du métro de Lyon, aux rames courtes constituant une souple chenille ; et une alimentation par caténaire, au lieu de l’être par le sol, comme à Bordeaux, qui s’est dispensé de ces fils disgracieux.
La réflexion s’oriente maintenant vers les Bus à Haute Qualité de Service (BHQS), qui auraient les mêmes avantages : véhicules confortables, site propre, haut niveau de vitesse commerciale, de fréquence et d’amplitude horaire, et n’entraîneraient pas de si lourds investissements.
Le tram E, qui aurait dû être le premier, pourrait être le dernier.
La dernière erreur ?
Le réaménagement du cours Jean Jaurès donna lieu à un affrontement entre les habitants et l’Adjoint aux Déplacements et à l’Embellissement. Les cinq Unions de Quartier limitrophes, sous l’égide de leur Comité de Liaison, tentèrent de proposer une alternative, un stationnement en épis dans les contre-allées, permettant de conserver 80 % des places.
Cette proposition s’accordait avec les autres éléments du projet sur tous les plans, esthétique, pratique, technique. L’argumentaire reposait sur la qualité de vie, qui suppose une possibilité de stationnement à une distance raisonnable et un coût supportable, et sur l’accessibilité des commerces, qui suppose une possibilité d’arrêt.
L’Adjoint ne répondit même pas à leur courrier et alla jusqu’à interdire de parole, en réunion publique, les porteurs du contre-projet. Il a ainsi mis en péril les caractéristiques démographique et économique des quartiers environnants.
Une Municipalité qui s’est engagée à « co-construire les projets avec les habitants », permet d’espérer qu’une telle manifestation de mépris sera la dernière.
Le Président du CLUQ Le Vice-Président Mutations urbaines
Guy Waltisperger Jean-Pierre Charre
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